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08 novembre 2008

Questions internationales : Relations franco-américaines sous la Ve République






Fruit d’une amitié vieille de plus de deux cent ans, les relations franco-américaines sont placées sous le sceau d’une alliance et d’une coopération constantes entre les deux nations.
Sur le plan politique et militaire, les relations franco-américaines reposent sur des bases solides. Les Etats-Unis ont pu se prévaloir du soutien français lors de la guerre d’indépendance. La France, quant à elle, a pu sortir vainqueur des deux guerres mondiales, en partie grâce à l’intervention américaine en 1917 pour la Première Guerre Mondiale et surtout au débarquement en 1944 pour la Seconde Guerre Mondiale. Ces alliances réciproques, dans ces contextes tragiques, ont ainsi lié les destins des deux pays. Il convient de préciser les principaux acteurs de la politique étrangère, à savoir les chefs d’Etat, le secrétaire d’Etat américain, le ministre français des affaires étrangères, dont le rôle est plus effacé sous la Ve République, le Parlement français et le Congrès américain.
Sur le plan économique et commercial, les Etats-Unis sont des partenaires incontournables, compte tenu de leur puissance. Le plan Marshall d’après-guerre constitue une aide conséquente pour la reconstruction d’une Europe meurtrie et exsangue. Or, il s’avère que la France est le deuxième bénéficiaire de cette aide après le Royaume-Uni.
Pour autant, sous la Ve république, les relations franco-américaines n’en demeurent pas moins complexes. D’une part, le retour du général de Gaulle dans la vie politique française coïncide avec l’avènement du régime en janvier 1959. Or, les conceptions gaulliennes s’accommodent peu avec le leadership américain. D’autre part, le régime porte la marque de son premier président tant sur le plan des institutions que sur celui de la diplomatie et des choix militaires. Il se trouve que les successeurs du général de Gaulle vont reconduire dans les grandes lignes les choix de politique étrangère, avec plus ou moins d’inflexion. C’est ainsi que les intérêts français et américains s’affrontent en raison d’enjeux culturels, diplomatiques, politiques, économiques et commerciaux, faisant vaciller ou osciller leurs relations.
Les crises traversées ont-elles des racines profondes ? Comment les deux alliés et partenaires parviennent-ils à les dépasser ? Pour répondre à ces questions, il convient d’élucider les constantes historiques des relations franco-américaines, en montrant qu’elles oscillent entre coopération et différenciation (I). Il s’agit, enfin, d’envisager les incidences de cette relation complexe sur le binôme franco-américain depuis la redéfinition de la politique américaine en 2001 et notamment suite à la présence américaine en Irak à compter de 2003 (II).

Les relations entre la France et les Etats-Unis oscillent en fonction d’intérêts communs et divergents (I). D’une part, des divergences constantes génèrent des crises dont il faut expliciter les raisons (A). D’autre part, des intérêts communs des deux partenaires perdurent tout au long de la Ve République, justifiant l’alliance et la coopération (B).

Des divergences constantes génèrent des crises dont il faut expliciter les causes (A).

Contrairement à la IVe République qui était résolument proaméricaine, la Ve République est caractérisée par un nouveau virage plus contrasté en matière de relations franco-américaines. La France traverse une période difficile avec la décolonisation notamment de l’Algérie tandis que les Etats-Unis se font les chantres de l’anticolonialisme. L’hégémonie américaine superposé à l’affaiblissement relatif de la France sur la scène internationale, est mal ressentie et entraîne des réactions antiaméricaines. Il faut rappeler que les deux nations nourrissent des ambitions universelles, l’affrontement culturel apparaît inévitable. Dans ce contexte, le retour du général de Gaulle dans la vie politique française constitue un tournant, d’autant que sa stature historique lui confère une légitimité particulière.
Succès militaire, l’expédition de Suez en 1956, s’est soldée par une humiliation diplomatique de la France, qui se retrouvait reléguée au rang de puissance moyenne. C’est donc le refus de cette posture qui est à l’origine des tensions avec les Etats-Unis. Selon l’article 5 de la Constitution du 4 octobre 1958, le Président est le « garant de l’indépendance nationale ». A ce titre, le général de Gaulle entend promouvoir l’indépendance de la France et lui conférer une véritable grandeur dans le concert des nations, comme il l’indique dans ses Mémoires de guerre : «Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. […] A mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur ».
Pour ce faire, il dénonce le « partage de Yalta » et la coupure du monde en deux blocs. Cette politique d’indépendance se traduit d’un côté par une critique de la guerre du Vietnam au discours de Phnom Penh en 1966, des voyages en URSS et en Chine et de l’autre par des ambitions nucléaires. De Gaulle demande au Président Eisenhower de partager des secrets nucléaires et d’intégrer la France dans une direction tripartite de l’Alliance atlantique. La fin de non recevoir ainsi que la maîtrise de l’arme nucléaire en 1960, se solde par la sortie du commandement intégré de l’OTAN dans sa lettre du 7 mars 1966 au Président Johnson qui marque le point d’orgue des tensions bilatérales. Dès lors, les troupes américaines ne peuvent plus stationner en France et le siège de l’OTAN est transféré à Bruxelles. En réalité, les conceptions stratégiques américaine et française divergent depuis l’adoption de la doctrine des représailles graduées du secrétaire à la défense sous Kennedy, MacNamara, à laquelle s’oppose celle des représailles massives du général de Gaulle. Ces initiatives sont mal perçues Outre-Atlantique. La reconnaissance de la Chine en 1964, apparaît ainsi comme une trahison vis-à-vis de l’ancien allié taïwanais contre les Japonais et de façon plus générale comme une nuisance aux intérêts occidentaux. Même sous la présidence Pompidou, un regain de tensions ressurgit. A cette occasion, le secrétaire d’Etat Henri Kissinger traite la France d’ « enfant rebelle de l’Europe ».
Les tensions au Moyen-Orient donnent lieu à des lectures différentes. Tandis que le soutien américain à Israël reste constant, la France n’hésite pas à critiquer l’Etat hébreu. Il faut reconnaître que la politique arabe de la France, pour des raisons historiques mais aussi économiques, ne s’aligne pas sur la politique américaine.
Une rivalité économique et commerciale oppose les deux pays. Grâce au système de Bretton Woods, la politique monétaire américaine permet d’absorber les déficits commerciaux. Le général de Gaulle dénonce ce système et souhaite un retour au système d’étalon-or.

Après l’effondrement de l’empire soviétique, la signature du traité de Maastricht le 7 février 1992, marque une étape importante de la construction de l’Europe politique. La France, moteur de la construction européenne, est favorable à une Politique Européenne de Sécurité Commune. En 1998, lors du sommet de Saint-Malo, Français et Britanniques envisagent une vraie défense européenne hors du cadre de l’OTAN. Il faut dire qu’entre-temps, l’Europe essuie une humiliation, en se montrant incapable de gérer toute seule les crises d’ex-Yougoslavie. En 1999, l’euro a cours légal et les billets et pièces sont mis en circulation en 2002. Dans ces conditions, les Etats-Unis comprennent que la construction européenne que promeut la France s’opère contre leur unilatéralisme. Ils s’opposent, donc, à cette Europe politique en signifiant clairement que le statu quo doit être maintenu au sujet de l’OTAN. De surcroît, avec la disparition de la menace soviétique, l’Europe n’est plus le centre de gravité de la politique extérieure américaine qui se tourne de plus en plus vers l’Asie et notamment le Moyen-Orient.
Dès la présidence Clinton, la tentation de l’unilatéralisme se pressent même si c’est plus tard, sous la présidence de Georges W. Bush, qu’elle prend sa pleine mesure. La différenciation s’opère sur le théâtre des crises internationales. Par exemple, la France s’oppose à l’embargo en Irak, responsable, selon Amnesty international, de la mort de 500000 enfants.
Par ailleurs les rivalités commerciales s’accroissent. Parfois considérée comme l’âme des peuples, la culture n’est pas en reste dans la concurrence qui oppose les deux rivaux. Initié lors de l’Uruguay Round, le débat sur la libéralisation des services et donc des services culturels, ressurgit en 1998 dans le cadre de l’OCDE, avec l’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI). L’industrie culturelle américaine compte pour une large part des exportations américaines. Chef de file de nombre de pays européens, la France défend alors l’exception culturelle. Concept défensif assimilé au protectionnisme, l’exception culturelle est remplacée par la diversité culturelle aux négociations de Seattle à l’OMC en 1999.


Pour autant, ces frictions récurrentes n’aboutissent jamais à la rupture entre les deux partenaires. En effet, des intérêts communs des deux alliés perdurent tout au long de la Ve République. Au fond, la France et les Etats-Unis partagent des valeurs démocratiques communes.

Demeurent des intérêts communs ainsi qu’une longue amitié tout au long de la Ve République (B).



Tout d’abord, le contexte de la Guerre froide se prête aux intérêts réciproques en matière de sécurité. Pour les Etats-Unis, il s’agit de limiter l’expansion du communisme. Pour la France, ce qui est en jeu, c’est sa sécurité. Le traité de l’Atlantique Nord du 4 avril 1949, scelle l’alliance, notamment entre les deux pays. En principe, aucun des deux pays n’a intérêt à la remettre en cause. Au fondement des deux nations, l’on trouve la démocratie et les droits de l’homme, parmi lesquels la liberté notamment d’opinion et la propriété privée (art.17 de la déclaration du 26 août 1789). S’ajoutent à ce système de valeurs, les liens historiques de solidarité lors des tragédies mondiales. Rappelons que les Etats-Unis est l’une des seules grandes puissances avec laquelle, la France n’a jamais eu d’affrontement armé. Ces circonstances expliquent sans doute, en partie, le soutien constant de la France à la politique américaine sur les grandes questions stratégiques. Lorsque Khrouchtchev tente de modifier unilatéralement le statut de Berlin en 1958, le général de Gaulle apporte son appui aux Etats-Unis. La cohésion est aussi indéfectible lors de la crise de Cuba en 1962. Une relative détente marque le mandat pompidolien. Des échanges d’informations sont alors possibles dans le domaine nucléaire. La solidarité se renforce sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Au courant des années 1980, lors de la crise des euromissiles, le Président Mitterrand déclare face à la vague de pacifisme en Europe de l’Ouest que « les pacifistes sont à l’Ouest et les missiles sont à l’Est ». Au final, les Pershing américains peuvent contrebalancer les SS-20 soviétiques.

Ensuite, des intérêts économiques sont partagés dans la mesure où le relèvement et développement de l’Europe est à la fois un atout pour limiter l’expansion du communisme et un moyen d’obtenir des débouchés et ou a contrario des produits importés.

Enfin, la construction européenne est un projet soutenu par les Etats-Unis dans la mesure où il consolide les économies européennes et contribue à une unité qui évite la guerre entre pays européens. Les interventions coûteuses et répétées des Etats-Unis en raison des conflits européens sont une explication à cette volonté de favoriser l’unité. Il s’agira, plus loin, de nuancer ce soutien américain au projet européen et d’en exposer l’ambivalence.

Après l’effondrement de l’empire soviétique, la bipolarisation du monde connaît un terme mais de nouvelles menaces surgissent. La France se rapproche alors des Etats-Unis pour y faire face. Ce « nouvel ordre mondial » doit désormais permettre aux Etats-Unis et à l’Europe de résoudre, de concert, des problèmes politiques et économiques. Après la chute du mur de Berlin, plusieurs opérations militaires communes vont s’exercer. La fin de l’histoire annoncée par Fukuyama, n’est donc pas pour l’immédiat. D’abord, la Guerre du Golfe qui éclate en 1991, illustre les convergences entre les deux diplomaties et ce en dépit des différences idéologiques, entre un Président socialiste d’un côté et un Président Républicain de l’autre. L’opération est une réussite dont les deux pays se félicitent. Ensuite, les crises en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo appellent une coopération militaire entre les deux partenaires.

L’héritage gaullien laissé aux successeurs, est ainsi de nature à imposer aux Etats-Unis un allié qui coopère mais qui sait aussi affirmer sa différence. Cette tradition française conduit donc à une franche opposition après l’entrée en fonction de l’administration Bush.


La politique étrangère de l’administration Bush s’est avérée incompatible avec la vision française, d’où une crise aigüe, que la nouvelle diplomatie française pourrait atténuer (II).

Des tensions diplomatiques, politiques et économiques ont opposé les deux Etats (A).
Premièrement, depuis l’intervention militaire en Irak, les relations franco-américaines sont tendues.
Dès son avènement, l’administration Bush, composée de néoconservateurs, marque un revirement à l’égard du vieux continent. La stabilité au Moyen-Orient et plus particulièrement l’éviction de Saddam Hussein sont des objectifs. Les attentats du 11 septembre 2001 servent alors de caution aux Etats-Unis pour mettre en œuvre les thèses néoconservatrices. Dans le malheur, la France est, bien entendu solidaire avec le peuple américain. Le Président Chirac déclare le soir même : « Jamais aucun pays dans le monde n'a été la cible d'attentats terroristes d'une telle ampleur, ni d'une telle violence. Je veux redire au peuple américain la solidarité de tous les Français dans cette dramatique épreuve. » Le 12 septembre 2001, la France souscrit à la résolution 1368 qui condamne le terrorisme. La clause de solidarité énoncée à l’article 5 du traité de Washington est invoquée dans le cadre de l’OTAN.
D’une façon générale, le vif émoi suscité par les attentats vont permettre aux Etats-Unis d’agir sans véritable caution des Nations Unies d’abord tout d’abord en Afghanistan. La diplomatie américaine prend alors des accents de croisade : « axe du mal », « croisade contre le terrorisme » (expression vite rejetée en raison de son écho historique et émotionnelle dans la région). Le livre de Samuel Huntington, Le choc des civilisations, résume la vision néoconservatrice et inquiète par l’affrontement explicite qu’elle suggère entre monde occidental et monde musulman. La France refuse de s’inscrire dans cette conception qui aboutit à l’invasion de l’Irak le 20 mars 2003, sans caution de l’ONU. Les armes de destruction massives, prétendument cachés, ont servi de prétexte à la guerre et la tension entre les deux Etats atteint son paroxysme quand la France menace d’utiliser son droit de veto. Pour la première fois, cette crise débouche sur une opposition frontale sur un sujet majeur. Le secrétaire d’Etat américain et le Président Bush menacent la France d’incidences fâcheuses pour leurs relations bilatérales. Cet épisode va donner lieu à une vague d’antiaméricanisme d’un côté et de francophobie de l’autre. Il faut dire que cette intervention sans l’aval de l’ONU est un signal fort envoyé à la communauté internationale et aux alliés réticents à les suivre, à savoir que les Etats-Unis, sont susceptibles d’agir seuls et de façon préventive s’ils estiment que leur sécurité est menacée. La potentialité du veto français conduit les alliés britanniques et américains à justifier l’usage de la force par d’autres canaux que Kofi Annan désapprouve. Ils s’appuient sur la résolution 1441, débattue âprement et reconnaissant que l’Irak est en violation patente de ses obligations résultant elle-même de la résolution 687 dont le non-respect réactive la résolution 678 qui autorise l’usage de la force « pour faire respecter et appliquer la résolution 660 (1990) et toutes les résolutions pertinentes ultérieures et pour rétablir la paix et la sécurité internationales dans la région ». La France qui ne souscrit pas à cet argumentaire juridique de circonstance, est classée par les Américains dans la catégorie de la vieille Europe qui serait par ailleurs de Vénus. Ce qui est ici sous-entendu par Robert Kagan, est qu’elle est pacifiste par faiblesse tandis que l’Amérique serait de Mars, avec une ambition de puissance pour imposer la justice. Avec la crise irakienne, s’est donc dessinée une véritable césure.

Deuxièmement, il s’agit d’aborder les tensions commerciales et politiques.
Depuis le sommet de la Terre à Rio, une prise de conscience planétaire, qui a promu le concept de développement durable, émerge. La France est particulièrement sensible à ces questions puisqu’elle a révisé sa Constitution en y intégrant la Charte de l’environnement en 2004. Or, les Etats-Unis, plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, refusent de ratifier le protocole de Kyoto nonobstant le fait que le réchauffement climatique soit un sujet brûlant.


D’autres divergences, tiennent à la différence de modèle de société. La France est strictement laïque tandis que la référence à Dieu est récurrente dans la vie politique américaine. L’Etat-providence demeure un idéal français quand la société américaine verse dans le libéralisme décomplexé.
En dépit de ce libéralisme sur le plan intérieur, des réactions protectionnistes peuvent apparaître sur le plan extérieur. Ainsi, le Président Bush fils a-t-il pris des décisions unilatérales pour limiter les importations d’acier et accroître les subventions agricoles. Après la disparition de l’empire soviétique en 1991, les Etats-Unis perçoivent de plus en plus l’Union européenne comme un rival. A cet effet, les contentieux commerciaux entre les Etats-Unis et l’Union européenne sont légion. Or, ces contentieux portent pour une grande part sur les produits agricoles, à savoir les bananes, le bœuf aux hormones, les OGM sans omettre les subventions agricoles. Il se trouve que la France est un Etat-membre pour qui l’agriculture est un élément fondamental. Sur ce dossier, les intérêts ne peuvent que s’affronter.
Malgré ce contexte de haute tension, des points d’accords persistent. La solidarité contre le terrorisme n’est pas en cause. Malgré la crise irakienne, on peut noter la présence française en Afghanistan avec un millier d’hommes pour l’opération Liberté immuable et la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS). L’entente se traduit par le vote commun des résolutions 1559, 1664 et 1757 du Conseil de sécurité sur le Liban.

Les choix plus consensuels de la nouvelle diplomatie sont susceptibles d’apaiser les tensions sans pour autant déboucher sur un alignement systématique sur les Etats-Unis (B). L’élection du Président de la République en 2007 suscite de fortes attentes Outre-Atlantique ; les Etats-Unis espèrent que s’amorce un rapprochement bilatéral.

Une orientation plus atlantiste de la diplomatie française semble se dessiner.
Le Président Sarkozy ne cache pas son admiration pour le système de valeurs qui sous-tend la société américaine. Le Président poursuit les coopérations amorcées par son prédécesseur et s’engage dans une diplomatie affirmée aux côtés des Etats-Unis sur les dossiers libanais et syriens. Au plan européen, il esquisse un rapprochement avec les atlantistes de la « nouvelle Europe ».
S’agissant du Moyen-Orient, le Président infléchit la politique du Quai d’Orsay dans un sens moins pro-arabe et plus pro-israélien, en imputant la responsabilité du conflit armé de 2006 au Hezbollah. En suggérant d’inscrire ce parti sur la liste des organisations terroristes et en soutenant le droit d’Israël à se défendre, la France s’aligne sur les Etats-Unis. Les propos du Ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, sur la fermeté qui s’impose à l’égard de Téhéran vont dans ce sens.

Mais il convient de noter des désaccords persistants. Certes, dans ce contexte, la France réapparaît comme étant un allié fidèle. Pour autant, si la nouvelle diplomatie française est assurément alliée, elle n’est pas ralliée. En effet, cette alliance post-gaulliste, ne manque pas de porter certaines tendances lourdes de l’histoire des deux nations, à savoir un partenariat souvent teinté de conflit d’intérêt ou de divergences de vues. Le ton diplomatique moins incisif est en fait plus nuancé. Le Président reconnaît la primeur de la sécurité israélienne mais juge sa riposte au Liban disproportionnée. La fermeté s’impose vis-à-vis de l’Iran mais le nucléaire civil est un droit qui doit lui être reconnu. En matière de défense, l’équilibrage préconisé par la France est davantage en faveur de la PESC que de l’OTAN. Le refus de ratifier le protocole de Kyoto suscite la désapprobation du nouvel hôte de l’Elysée, surtout compte tenu d’un contexte intérieur de « Grenelle de l’environnement ». Enfin, sur le plan politique, l’intervention en Irak n’est guère cautionnée.

Relation turbulente, le rapport entre la France et les Etats-Unis n’en demeure pas moins solide sur les questions essentielles. La grave crise traversée à l’occasion de la guerre en Irak, se dissipe peu à peu avec une nouvelle diplomatie française. Une nouvelle recomposition des relations franco-américaines pourraient aboutir à une transition post-gaulliste, plus susceptible de s’arrimer aux orientations d’Outre-Atlantique. Pour autant, il ne pourrait s’agir que d’une façade stratégique pour mieux défendre les intérêts de la France et de l’Europe. Dans cette perspective, l’avenir des relations entre les deux pays s’inscrirait davantage dans une continuité que dans une rupture.

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