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07 novembre 2008

Sujet : Taux d’intérêt et activité économique

Au centre du débat économique se trouve l’activité économique, c’est-à-dire les moyens de production et de répartition des richesses. Assurer la croissance présuppose la mise en place d’une politique économique bien précise. Tous les agents économiques sont concernés par l’activité économique, c’est pourquoi on prendra en compte le rôle des banques, des ménages, des entreprises et de l’Etat. Assurément, le taux d’intérêt a une fonction capitale dans l’activité économique. Il nous appartient de mettre en évidence son incidence dans le processus de création des richesses. Peut-on « jongler » avec le taux d’intérêt afin de stimuler l’activité économique ? Quels sont les risques éventuels d’une régulation par le taux d’intérêt ? On peut donc analyser dans un premier temps les conséquences des taux d’intérêt dans la théorie quantitative et enfin exposer la place qu’elle tient chez les opposants à cette théorie. En effet, le taux d’intérêt joue un rôle dans les variations du crédit et celui-ci est étroitement lié à la création monétaire…

A priori, la monnaie a trois fonctions. Elle sert d’unité de compte, autrement dit d’étalon des valeurs ; elle permet ainsi de comparer les produits. La monnaie sert également d’intermédiaire des échanges. Enfin la monnaie est une réserve de valeur. Or cette dernière fonction est ignorée par tout un courant de pensée économique, d’où un questionnement nécessaire sur les raisons d’une telle omission. Le taux d’intérêt nous amène à bous interroger sur la place des banques dans le système économique. Or, on peut distinguer à cet effet la conception de la monnaie neutre, laquelle est soutenue par les quantitativistes. Quelle est la place des banques et quelle est celle de l’Etat ?
Pour l’école de la monnaie exogène, la masse monétaire doit évoluer de façon proportionnelle à l’augmentation des richesses. Un ajustement est donc nécessaire car le raisonnement est en termes d’équilibre. Suivant la théorie quantitative, la masse monétaire évolue comme les prix. D’où l’équation : MV=PT, M désignant la masse monétaire, V désignant la vitesse de circulation de la monnaie, P désignant le niveau des prix et T les transactions. Il s’ensuit que la création monétaire suscite de l’inflation laquelle pénalise l’économie du point de vue internationale. Selon l’école de la monnaie exogène les banques ne doivent pas avoir un rôle actif en matière de création monétaire, laquelle passe par le crédit qui est fonction du taux d’intérêt auquel est prêtée la monnaie. Un faible taux d’intérêt stimule la demande de crédit comme le montre l’exemple du marché immobilier. La tâche des banques se résume à fournir des prestations de services en plaçant l’épargne des clients. Mais surtout, les banques doivent maintenir l’équilibre entre la base monétaire et la masse monétaire. Ce raisonnement présuppose la dichotomie entre le réel et le monétaire. La monnaie est considérée comme étant neutre. En effet pour Jean-Baptiste Say, la monnaie n’est que « la voiture de la valeur ». D’une façon générale, les classiques voient dans la monnaie « un voile ». Refuser de laisser le marché se réguler ou intervenir aboutit à une perturbation et finalement à un rééquilibrage.
On comprend donc que l’activité économique ne peut et ne doit pas être stimulée par le crédit. Les banques ne doivent pas contribuer à accroître les demandes de liquidités. Pigou explique d’ailleurs que le rééquilibrage est inéluctable. Si les encaisses réelles restent stables et qu’il y a création monétaire, forcément la situation aboutirait à l’inflation. Les ménages chercheraient donc à ce que les encaisses réelles retrouvent leur valeur et baisseraient leur consommation. Par conséquent, il y aurait baisse des prix afin d’écouler les marchandises. On retrouve donc la situation initiale car il y a finalement rééquilibrage. Toutefois l’activité économique aura été amputée par la baisse de la consommation. Faire évoluer les taux d’intérêt et accroître la masse monétaire n’est donc d’aucun apport a priori.
Les monétaristes dont le chef de file est Milton Friedman (Ecole de Chicago) s’opposent fermement à l’interventionnisme keynésien. Ils concèdent qu’à court terme l’inflation peut jouer un rôle bénéfique mais qu’à long terme de toutes façons les agents économiques s’aperçoivent de l’illusion monétaire et adapteront leur comportement en fonction de l’inflation. De surcroît, le retour à l’équilibre est plus douloureux. La monnaie n’a donc que le rôle d’unité de compte et tout juste d’intermédiaire des échanges. Quoiqu’il en soit l’équilibre de la théorie quantitative de la monnaie est maintenu. Cette analyse accorde une place importante à la monnaie centrale. En réduisant ainsi le rôle des banques dans le financement de l’économie, la currency school ignore en quelque sorte la monnaie scripturale. Les banques ne peuvent donc agir sur les taux d’intérêt pour accorder des crédits. Dans une économie dématérialisée, c’est-à-dire dans laquelle la monnaie scripturale constitue l’essentiel de la monnaie, le taux d’intérêt influence l’activité économique. Comment l’établir et dans quelle mesure ?

Déjà dans les années 1920, Wicksell faisait remarquer la faille de l’école de la monnaie exogène. Sa critique de la théorie quantitative consiste à admettre qu’elle serait vérifiée dans une économie abstraite où le crédit n’existe pas. Or tel n’est pas le cas de l’économie réelle, où les agents peuvent compter sur le crédit. Il corrobore son analyse à partir du taux d’intérêt. Si le taux d’intérêt naturel est supérieur au taux d’intérêt monétaire, l’investissement est stimulé. Les entreprises n’ont aucun intérêt à épargner et investissent. Ainsi la production augmente et c’est la prospérité économique. Inversement, si le taux d’intérêt monétaire est supérieur au taux d’intérêt naturel alors il y a spéculation. Il y a excès d’épargne. Nous ne sommes pas loin de la logique de Keynes avec la sous-consommation. Le taux d’intérêt n’est donc pas neutre dans l’économie.
Keynes critique aussi la théorie quantitative de la monnaie. Il n’y a pas de proportionnalité entre M et P. Les taux d’intérêt peu élevés permettent d’étendre le crédit par la création monétaire. Si les banques créent de la monnaie, elles assurent le financement par le crédit et stimulent ainsi la consommation. L’activité économique redémarre. L’investissement des entreprises se fait en fonction des anticipations de la consommation des ménages. Si elles anticipent une forte consommation elles vont investir. On peut donc financer le déficit budgétaire de la politique keynésienne par le crédit grâce au taux d’intérêt. L’analyse keynésienne porte sur la demande de liquidités. Sur les documents 5 et 6, les taux d’intérêt sont élevés en 1986-87 et on observe que c’est en 1986 que le crédit intérieur connaît l’accroissement le plus faible (document 7). Le crédit dépend donc bien du taux d’intérêt. Or, le crédit a une portée incontestable sur l’activité économique. Il s’ensuit que l’activité économique est influencée par le taux d’intérêt. L’accroissement le plus fort du crédit a lieu en 1982 : il atteint 16,6% (document 7). On observe que cette année connaît un pic du taux de croissance (document 1).

Force est de constater que l’épargne, l’investissement et le taux d’intérêt sont interdépendants. Comme Wicksell l’a montré, le taux d’intérêt peut permettre à l’investissement d’être stimulé et engendrer ou du moins contribuer à la prospérité économique. Le système bancaire est capable de créer de la monnaie. Il convient toutefois de prendre garde à la dépréciation de la monnaie qui pénalise l’achat de produits étrangers.

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